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Léopold II (Léopold Louis-Philippe Marie Victor) (9 avril 1835[2] - 17 décembre 1909[2]), deuxième roi des Belges (17 décembre 1865 - 17 décembre 1909), prince de Belgique, duc de Saxe, prince de Saxe-Cobourg-Gotha, duc de Brabant (1840[3]-1865), souverain de l'État indépendant du Congo (1884-1908), succède à son père, Léopold Ier, sur le trône belge en 1865. Par sa mère Louise d'Orléans, il est le petit-fils de Louis-Philippe Ier, roi des Français. Il est également le frère de l'impératrice du Mexique Charlotte.
Léopold est né à Bruxelles en 1835, fils de Léopold de Saxe-Cobourg, premier roi des Belges (Léopold Ier) et de Louise d'Orléans, elle-même fille du roi des français Louis-Philippe Ier. La Révolution française de 1848, qui épargne la Belgique, entraîne l'abdication de son grand-père, Louis-Philippe, qui se réfugie en Angleterre où règne la reine Victoria, cousine germaine du jeune prince Léopold. La Maison de Saxe-Cobourg et celle d'Angleterre sont en effet liées par de nombreux mariages. Le roi Louis-Philippe meurt deux ans plus tard, en 1850. La fragile reine des Belges, Louise d'Orléans, est très affectée par le décès de son père qui altère davantage sa santé. Elle s'éteint prématurément la même année à 38 ans[4]. Léopold a 15 ans.
Trois ans plus tard, le 22 août 1853[2], il épouse à Bruxelles Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche, née à Pest, Autriche (maintenant Budapest, Hongrie) le 23 août 1836[2], et morte à Spa, Belgique le 19 septembre 1902[2]. Fraîche, vive, passionnée d'équitation au point de dispenser elle-même des soins aux chevaux, cette cousine de l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche est la fille de Joseph, archiduc d'Autriche (1776-1847), (qui était lui-même le fils de Léopold II, empereur romain germanique (1747-1792) et de Dorothée de Wurtemberg). D'aucuns ironiseront sur ce « mariage d'un palefrenier et d'une religieuse », la religieuse étant le timide et le renfermé Léopold.
Léopold II et Marie-Henriette eurent quatre enfants :
Léopold II rencontre Blanche Delacroix en 1899. Le roi sexagénaire s'éprend de l'adolescente qu'il titre ensuite baronne de Vaughan. Cette dernière entretient une liaison parallèle avec son amant de toujours, Antoine Durrieux.
Durant cette relation naissent deux fils - la paternité exacte n'est pas établie - peu avant le mariage secret, le 14 décembre 1909, de Blanche avec le Roi :
La baronne de Vaughan se remarie en 1910 avec son amant de toujours, lequel reconnaît et adopte les enfants naturels de son épouse. La baronne Vaughan meurt en 1948 dans le sud de la France.
Léopold II devient roi en 1865, à la mort de son père Léopold Ier, et détient jusqu'à présent le record de durée de règne de la dynastie belge (44 ans).
Dans une lettre adressée à son frère, le comte de Flandre, en 1888, il entend que sous son règne, « la patrie doit être forte, prospère, par conséquent posséder des débouchés à elle, belle et calme[7]. »
Dès avant son accession au trône, il voyage en songeant à des débouchés économiques pour la Belgique. De Grèce, il envoie à Frère-Orban, alors ministre des Finances, une plaque de marbre sur laquelle il a fait graver ces mots : « Il faut à la Belgique une colonie »[8].
C'est sous le règne de Léopold II que sont votées d'importantes lois sociales en Belgique : suppression du livret d'ouvrier, droit de former des syndicats, âge d'admission des enfants dans les usines fixé à 12 ans, interdiction du travail de nuit aux enfants de moins de 16 ans et du travail souterrain pour les femmes de moins de 21 ans, réparations pour les accidents de travail, repos dominical, etc.
Léopold II s'efforce de rendre la Belgique moins vulnérable : il obtient la construction des fortifications de Liège, Namur et Anvers, et la réforme du service militaire qu'il signe quelques jours avant sa mort en 1909. Auparavant, le recrutement de l'armée belge se faisait sur le volontariat et le tirage au sort avec possibilité de se faire remplacer (moyennant une somme d'argent). Ce système est aboli en 1909 et remplacé par le service d'un fils par famille.
C'est également sous son règne qu'a lieu la première révision de la Constitution. Le suffrage devient universel bien que tempéré par le vote plural, les conditions d'accès au Sénat sont réduites et les élections reposent désormais sur un système proportionnel. Malgré ses demandes répétées, l'idée d'un référendum royal n'est pas retenue.
Après le décès de son fils unique Léopold en 1869 et conformément à l'article 85 de la Constitution qui interdit à ses filles de monter sur le trône, c'est son neveu Albert, fils du comte de Flandre, qui lui succède en 1909. La Belgique dispose désormais d'une colonie - léguée par Léopold II - qui va lui apporter d'énormes débouchés pendant plusieurs décennies et accroître son prestige sur le plan international.
Léopold est surnommé le « Roi bâtisseur » car il a transformé des villes comme Bruxelles ou Ostende et a constitué un important domaine en Ardenne. À Bruxelles, il est à l'origine de l'édification des serres royales de Laeken, du Pavillon chinois, de la Tour japonaise, de l'Arc de triomphe du parc appelé aussi Arcades du Cinquantenaire, du tracé de l'avenue de Tervuren et de la construction du Musée royal de l'Afrique centrale, de la création de parcs publics comme le parc Duden à Forest, et de la transformation du palais royal de Bruxelles.
Son domaine en Ardenne comporte 6 700 hectares de forêts et terrains agricoles, un golf, les châteaux de Ciergnon, Fenffe, Villers-sur-Lesse et Ferage[9]. À Ostende, il fait construire l'hippodrome, les galeries royales situées sur la digue et le « Parc Marie-Henriette. » Il agrandit également le domaine royal de Laeken.
Le souverain est également propriétaire de deux grands domaines sur la Côte d'Azur, la Villa Leopolda ainsi que la Villa Les Cèdres et le jardin botanique du même nom, où il se livre à des activités d'acclimatation de palmiers exotiques.
À l'occasion de son soixante-cinquième anniversaire en 1900, le roi Léopold II émet le souhait de léguer à l'État belge son important patrimoine privé à condition de ne pas l'aliéner, de préserver ses beautés naturelles et de mettre certains biens à la disposition de la famille royale belge et de la Nation. Son objectif était que ses biens immobiliers appartiennent à la Belgique, et ne soient pas divisés entre ses trois filles dont deux d'entre elles avaient épousé des princes étrangers.
En 1903, la Belgique accepte la donation du roi à condition que ce patrimoine génère lui-même l'argent nécessaire à son entretien sans aide financière de l'État. La Donation royale doit rendre compte de sa gestion au ministre fédéral des Finances.
Avant d'accéder au trône de Belgique, Léopold II, qui était alors duc de Brabant, s'intéressait déjà à l'idée de colonisation dont il vantait les mérites. Mais il s'intéressait aussi à un système économique en rapport avec la colonisation, qui fut mis en place par les Hollandais : le « système des cultures ». Ce principe, selon Léopold II, « consistait non seulement à acheter le produit des plantations à un prix fixé arbitrairement, mais aussi à mettre en place des fonctionnaires qui obtenaient des primes en fonction de la production ».
En 1876, Léopold II organise une association internationale comme paravent pour son projet privé d´exploitation des richesses de l'Afrique centrale (caoutchouc et ivoire). En 1879, sous le patronage de Léopold, Henry Morton Stanley entre en concurrence avec l'explorateur Français Pierre Savorgnan de Brazza pour acquérir des droits sur la région du Congo qui deviendra le Congo belge. Pendant les cinq années suivantes, Stanley travaille à ouvrir le Congo inférieur à l´exploitation intensive, construisant une route du fleuve inférieur au Stanley Pool (actuellement Pool Malebo), où le fleuve devient navigable. Léopold II charge aussi Stanley d'obtenir des « contrats » d'exploitations de leurs terres par l'Association internationale du Congo (AIC). Grâce à ces contrats, ces territoires seraient proclamés « États libres » par l'AIA, qui aurait alors la souveraineté intégrale des territoires colonisés. L'action de Stanley permet qu'une personne privée – Léopold II – devienne le propriétaire de 2,5 millions de kilomètres carrés ainsi que de la force de travail de ses habitants.
À la conférence de Berlin de 1884-1885, des représentants de 14 pays européens et les États-Unis reconnaissent à l'AIC, présidée par Léopold, la souveraineté sur l'État indépendant du Congo (EIC). Alors que cette conférence prend acte du partage de l'Afrique inter-tropicale par les puissances industrielles européennes dont la Belgique.
En 1891, Léopold II employe l'explorateur canadien, et commandant militaire britannique, William Grant Stairs afin de reprendre le contrôle du Katanga, convoité par Cecil Rhodes pour l'Angleterre.
L'occupation est essentiellement poussée vers la vallée méridionale du Nil, où Stairs prend possession de l'enclave de Lado à partir de 1894.
Avant même la fin du XIXe siècle, Léopold tient à établir une ligne ferroviaire le long du fleuve Congo et de ses affluents. Il s'agit ainsi de créer le moyen d'écouler vers la côte les produits dont la vente dans le monde doit créer les sources de revenus indispensables à l'autofinancement du Congo et à l'autogestion de son territoire.
Dès le début du XXe siècle, la concurrence coloniale atteindra vite son zénith avec le développement de l'industrie automobile. Le caoutchouc, principale production de l'EIC d'alors, est destiné aux industries automobiles naissantes (Rover, Ford, Mercedes, etc.) ou textiles.
Des témoignages établissant l'exploitation indigne et les mauvais traitements dont est victime la population indigène, y compris l'esclavage, la malnutrition, et la mutilation (l'affaire des « mains coupées » avec quelques photos à l'appui), en particulier dans l'industrie du caoutchouc, entraînent un mouvement international de protestation mené par le Royaume-Uni et les États-Unis à partir des années 1894-1895. Le journaliste et écrivain Edmund Dene Morel, les diplomates britanniques Edward Bannister, William Pickersgill et Roger Casement, mais aussi le missionnaire suédois E.V Sjöblom, ou l'écrivain écossais Conan Doyle s'attachent à alerter l'opinion internationale à ce sujet[réf. nécessaire].
En 1904, une Commission d'enquête est dépêchée sur place.
La commission d'enquête internationale est indépendante. Présidée par Edmond Janssens, elle est composée d'Edmond Janssens, avocat général à la Cour de Cassation de Bruxelles, Giacomo Nisco, président de la Cour d'appel à Boma, Edmond de Schumacher, un juriste suisse. La commission se rend de Matadi à la province du Bas-Congo, puis jusqu'à Stanleyville (actuellement Kisangani), au centre du Congo.
Après 4 mois d'investigations sur place et l'audition de centaines de témoins, dont 5 des Congolais mutilés mentionnés dans le rapport Casement, le rapport de la commission confirme la surexploitation, souvent forcée, de la main-d’œuvre indigène (souvent victimes de coercition) qui a eu pour résultat le vidage forcé des villages de leur population mâle qui, en temps normal, approvisionne leurs familles en produits de la chasse, de la pêche et de la cueillette, les femmes étant généralement affectées, comme dans la plupart des communautés bantoues, à la petite agriculture traditionnelle de subsistance (igname, manioc là où sa culture existe, gousses d'espèces sauvages).
Le fait que les agents européens (plus d'une dizaine de nationalités) œuvrant pour l'EIC (donc pour Léopold II) soient livrés à eux-mêmes, car insuffisamment encadrés et surveillés, n'a pu conduire qu'à des abus. La commission tombe donc « à bras raccourcis sur les sociétés concessionnaires, désignées comme les principaux coupables[11]. »[réf. nécessaire].
L'emploi d'expéditions militaires est désigné notamment comme source de massacres, mais il est à rappeler que les campagnes militaires étaient destinées à combattre l'esclavagisme pratiqué par des arabisés[réf. nécessaire], l'éradication de l'esclavage étant un des buts proclamés par la conférence de Berlin en attribuant le Congo à Léopold II. Quant aux mutilations, si certains auteurs estiment qu'elles résultaient « d'une pratique guerrière indigène […] qui n'a pas été réprimée par des responsables européens[12]. », Conan Doyle, lui, écrit clairement en 1909 : « Beaucoup de sources disent que des mutilations de cette sorte étaient inconnues des sauvages. Elles ne se sont répandues que sous le régime européen »[13]. D'autres auteurs rappellent que l'amputation des mains avait pour origine l'obligation pour les soldats congolais de justifier l'utilisation de leurs cartouches auprès de la hiérarchie blanche afin d'éviter qu'ils utilisent leurs fusils pour la chasse. Ces soldats avaient dès lors pris l'habitude d'amputer la main de leurs victimes. Outre que ces faits démontrent l'existence d'une violence importante régnant au Congo, des témoignages rapportent que des amputations ont pu s'être produites sur des personnes vivantes[14],[15].
Quant au fait d'un génocide ou d'une dépopulation du Congo de la moitié de ses habitants par l'exploitation du caoutchouc comme cela a été écrit et réécrit un siècle plus tard à partir de la campagne de presse de l'époque, « il est difficile d'avancer un quelconque pourcentage car les seuls chiffres de population qui sont disponibles sont ceux de groupes restreints d'Européens. Il n'existe donc aucun fondement scientifique »[16] à une telle affirmation. Néanmoins, les auteurs s'accordent pour estimer que le nombre de victimes congolaises pendant cette période se chiffre en millions d'individus (environ 6 millions)[14],[15].
À la suite de pressions étrangères et comme résultante de la Commission Edmond Janssens, le roi Léopold II, dont l'intention avait toujours été de léguer le Congo à la Belgique[réf. nécessaire], fut contraint de le faire non sous la forme d'un legs survenant après sa mort, mais par une annexion votée par le Parlement en 1908.
L'EIC prit dès lors le nom de Congo belge, mais ce n'est qu'à la fin des années 1920 que ses frontières définitives sont fixées.
Après 52 ans d'administration belge, la colonie qu'il laisse à la Belgique devient indépendante le 30 juin 1960 : République démocratique du Congo. Elle prit le nom de Zaïre en 1971 sous Mobutu Sese Seko dans le cadre de sa politique du « recours à l'authenticité ». Beaucoup de symboles de la colonisation belge furent détruits et la statue de Léopold II à Léopoldville (Kinshasa) déboulonnée, entreposée dans ce qui devait être un parc historique, puis brièvement réinstallée à Kinshasa en 1997 sous le gouvernement de Kabila père.
C'est d'ailleurs en 1997, sous Laurent-Désiré Kabila, que le pays fut rebaptisé République démocratique du Congo (RDC).
Le roi Léopold II est mort le 17 décembre 1909 et fut inhumé dans la crypte royale de l'Église Notre-Dame de Laeken à Bruxelles.
Grand maître de l’Ordre de Léopold, de l'Ordre de la Couronne, de l'Ordre de Léopold II et de l'Ordre de l'Étoile africaine, décoré de :
On trouve la statue de Léopold II dans l'espace public des villes suivantes :
Statue équestre place du Trône (boulevard du Régent) à Bruxelles en Belgique.
Buste au Bld du Souverain, Auderghem (Bruxelles)
Ces accusations sont reprises dans le livre Les Fantômes du roi Léopold. Elles ont été énoncées de manière moins radicale par certains historiens, dont Jean Stengers, spécialiste de l'histoire du Congo belge, dans Congo, Mythes et réalités qui cependant considère que le Congo est parmi les colonies d'Afrique qui a le plus souffert[20].