Anne Анна |
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Portrait de l'impératrice Anne Ire de Russie. |
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Titre | |
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Impératrice de Russie | |
– (10 ans 8 mois et 28 jours) |
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Couronnement | |
Prédécesseur | Pierre II |
Successeur | Ivan VI |
Biographie | |
Dynastie | Maison Romanov |
Nom de naissance | Anna Ivanovna |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Moscou (Russie) |
Date de décès | (à 47 ans) |
Lieu de décès | Saint-Pétersbourg (Russie) |
Sépulture | Cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg |
Père | Ivan V de Russie |
Mère | Prascovia Saltykova |
Conjoint | Frédéric III Guillaume Kettler |
Héritier | Ivan Antonovitch |
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Monarques de Russie | |
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Anna Ivanovna (née à Moscou le - morte à Saint-Pétersbourg le ) est impératrice de Russie du au .
Quatrième fille du tsar Ivan V et de Prascovia Saltykova, et nièce de Pierre le Grand, Anne Ivanovna n'a aucune formation particulière - à part quelques rudiments d'allemand. En 1710, alors qu'elle est âgée de 17 ans, elle est mariée à Frédéric III Guillaume Kettler, duc de Courlande (1692-1711). Son mari décède subitement l'année suivante pour avoir abusé des « boissons échauffantes[1] ». La jeune veuve reste sans enfant, et demeure pendant 19 ans à Mitau en Courlande. Mais elle trouve assez vite à se consoler dans les bras de Pierre Bestoujev (en), qui dirige effectivement le duché. Profitant d'une absence de Bestoujev, elle s'éprend durablement d'un certain Ernst Johann Büren, fils d'un palefrenier des écuries ducales[2]. En 1726 Maurice de Saxe, fils légitimé du roi de Pologne, est élu duc de Courlande et fiancé à Anne. Mais, la Russie s'opposant à cette élection, Maurice quitte la Courlande et sa fiancée[réf. nécessaire].
Si elle n'a pas totalement rompu avec Moscou ou Saint-Pétersbourg, elle n'y a aucun parti. Son accession au trône de l'Empire russe semble donc pour le moins improbable. À la mort de Pierre le Grand en février 1725, le pouvoir échoit à sa seconde épouse, Catherine Ire et à son favori Alexandre Menchikov. Après la disgrâce de Menchikov et la mort de Catherine Ire en 1727, c'est Pierre II (petit-fils de Pierre le Grand) qui hérite du pouvoir, et avec lui s'affirme la famille Dolgorouki, dont une fille doit épouser le nouvel empereur. Signe du retour au passé, Moscou redevient la capitale de l'État russe[3]. Mais le , Pierre II meurt prématurément (c'est-à-dire avant son mariage) de la variole à 16 ans. Le Conseil privé, qui représente les intérêts des grandes familles aristocratiques de l'empire délibère pour choisir le nouveau souverain.
À la mort de Pierre II, les factions, constituées par quelques familles de la grande noblesse, dirigées par le prince Dmitri Golitsyne, décident de limiter les pouvoirs du futur monarque. Ils rédigent alors un manifeste destiné à être signé par le successeur de Pierre II, et choisissent, parmi les représentants de la famille Romanov susceptibles de régner, Anna Ivanovna, nièce de Pierre le Grand. Celle-ci se plie tout d'abord aux exigences du Haut Conseil secret : la Russie instaure son premier régime constitutionnel[4],[5]. Mais, arrivée à Saint-Pétersbourg le 10 février 1730, et soutenue par une majorité de nobles opposés aux membres du Haut Conseil, elle déchire purement et simplement le document qu'on lui présente pour ratification. La nouvelle impératrice est couronnée à Moscou peu de temps après.
Son règne, qui dura dix ans, laissa aux Russes un amer souvenir : plus germanique que russe, hautaine, paresseuse, elle n'est que peu intéressée par les affaires publiques dont elle ne s'occupa que par intermittence.
En 1734, l'Ukraine est annexée à l'Empire russe de façon définitive.
Sur le plan extérieur, l'Empire russe entame une nouvelle guerre avec la Sublime Porte, la guerre russo-turque de 1735-1739, qui aboutit au traité de Belgrade en 1739 : la Russie y gagne quelques maigres territoires en échange de nombreuses pertes humaines.
Le favori de l'impératrice, Ernst Johann von Biron a les pleins pouvoirs. Bühren (ou Büren), qui francise son nom en Biron, s'entoure de ministres et généraux allemands mus par l’appât du gain. Ensemble, ils inaugurent en Russie un régime de terreur[6], favorisent la délation et déstabilisent la société russe. On appela cette époque la bironovchtchina[7] (le « gâchis à la Bühren »).
Anna Ivanovna n'ayant pas d'enfant, elle désigne pour lui succéder le petit-fils de sa sœur, Ivan, né en 1740 d'Anna Léopoldovna de Mecklembourg-Schwerin et d'Antoine-Ulrich de Brünswick-Wolfenbüttel (en). Atteinte d'une grave maladie des reins (la maladie de la pierre), elle meurt le non sans avoir désigné Bühren pour assurer la régence durant la minorité d'Ivan VI.
Anna Ivanovna se passionna pour les êtres difformes et hideux. Elle collectionna des nains, des naines et des estropiés, chacun portant un sobriquet : Beznojka (la femme cul-de-jatte), Borbouchka (la bossue). Six d'entre eux eurent sa préférence. Mikhaïl Alexeïevitch Galitzine, de naissance noble, fut l'un des bouffons de l'impératrice en raison de sa conversion au catholicisme. Anna Boujeninova, une vieille Kalmouke dont l'effrayante laideur apeura les prêtres, fut mariée par la tsarine à Mikhaïl Alexeïevitch Galitzine. L'organisation du mariage fut assurée par Anne Ivanovna. Ce fut une mascarade, les nouveaux mariés passèrent leur nuit de noces dans un palais en blocs de glace construit sur l'ordre de la tsarine (6 février 1740)[8].